Je me balade, j'essaye d'oublier la faim. Mon estomac réclame à manger, il a besoin d’être rempli. J'ai froid, il est temps que je trouve un endroit où me loger. Je garde le reste de mon argent pour les repas du soir, j'évite de manger dans la journée pour tenir le plus de temps possible. Je ne tiendrais pas bien longtemps comme ça, je n'étais pas suffisamment forte physiquement. Enfin, il y avait certainement des personnes qui étaient plus à plaindre. J'avançais, ne sachant pas où j'allais, je rêvassais. Espérant toujours m'en sortir et rentrer chez moi.

Je me retrouve au cimetière, quel drôle d'endroit. J'ignorais comment j'étais arrivée ici, mais j'étais là. J'entendais du bruit, une voix, quelqu'un qui chantait je crois et du bruit dans l'eau. Je rêve. Je crois voir Osiris. Je ne l'ai encore jamais vu en plein jour. Je ne le croisais que la nuit. Je m'étais d'ailleurs souvent demandé pourquoi je ne l'avais jamais croisé dans la journée. Je ne le connaissais pas depuis longtemps, mais il était l'une des seules personnes à qui je parlais, je le considérais même comme un ami malgré cette question qui me restait en tête sans cesse. Je m'étais approchée, m'abaissant, je voulais être certaine de ce que j'avais vu. Je rêvais peut-être ? Je délirais complétement. « ne me touche pas. » commençais-je, accompagnant ces mots d'un geste de recul. « Tu es un monstre. » pas que je n'avais aucune ouverture d'esprit, mais pour une simple humaine venant d'un autre monde, une sorcière était déjà beaucoup et ça en plus... Non. Où est-ce que j'étais tombée ? Pourquoi n'étais-je pas partie en courant ? J'avais vu ce qu'il était, je n'avais pas besoin d'en savoir plus et pourtant je ne pouvais me résoudre à partir, il était mon ami malgré tout. « pourquoi tu ne m'as rien dit ? »

Pars. Cours. Fuis. Je voulais m'ordonner de partir, mais je n'y arrivais pas. Il ne m'avait jamais fait de mal malgré ce qu'il était. Je l'aimais bien avant de le voir aujourd'hui. Je ne le connaissais pas vraiment dans le fond. Qui était-il réellement ? M'avait-il menti sur autre chose ? Comment les créatures comme lui se comportaient-elles ? Il était quoi d'ailleurs ? Un triton ? Je n'avais pas grande connaissance de ces créatures, j'ignorais leurs comportements et leurs caractères. J'ignorais tout. Je venais d'un monde où rien de tout ça n'existait... Enfin je crois. A vrai dire je commençais à me poser de nombreuses questions. Si sur Terre ces créatures existaient elles se faisaient beaucoup plus discrètes. J'avais eu un geste de recul, je n'avais pas pu retenir ces quelques mots, affirmant qu'il était un monstre. C'est ce qu'il était à mes yeux, sur l'instant du moins. Choquée de ce que j'avais vu, je n'avais pas bien réfléchie à ce que j'avais dit. Dans d'autres circonstances, peut-être aurais-je réagi autrement, mais là, j'étais tellement perdue déjà, découvrir ça en plus... C'était trop. Beaucoup trop. Il n'avait pas l'air content, je le voyais croiser ses bras et j'attendais, j'attendais qu'il parle, qu'il m'explique, j'attendais puisque je n'avais pas envie de partir en courant comme ma raison me l'ordonnait.Il ne changeait pas, il était toujours aussi insupportable, aussi parfait à ses yeux, aussi lui. La seule chose qui changeait au fond est qu'il avait une queue de poisson à la place des jambes. Je ne répondais rien, qu'est-ce que je pouvais lui répondre ? Qu'il pouvait la garder son amitié ? Bien sur et je perdrais quelqu'un à qui parler dans ce monde. Je relevais donc mes yeux vers lui, lui demandant pourquoi il ne m'avait rien dit. Après tout dans ce monde, tout ça était peut-être normal et donc il ne le cachait peut-être pas. « tu comptais garder le secret longtemps ? » parce que s'il attendait que je n'ai plus peur, il aurait attendu très longtemps. Je suppose que même si je dois rester dans ce monde des années, j'aurais toujours aussi peur. Je m'habituerais peut-être un jour, mais ce n’était pas mon monde et ça me paraissait bien compliqué de vivre ici. « je ne suis pas chez moi ici, je n'avais jamais rencontré de.. triton, avant toi. » et jamais je ne pensais en rencontrer un, ni même sortir ce genre de phrase; Si seulement Elizabeth pouvait m'entendre, je la supplierais de me faire rentrer chez moi. Peut-être qu'elle le pouvait en réalité, si c’était le cas, elle n'avait encore rien fait pour m'aider. Restant loin de lui, restant méfiance, la curiosité l'emporta sur la peur, j'avais envie de savoir ce qu'il était. Si j'étais coincée là pour longtemps, autant en apprendre plus. « tu ne peux être humain que la nuit ? » Enfin, humain était un bien grand mot, avoir des jambes auraient été plus correct. « et tu te nourris comment ? » parce que si je me souvenais du peu de choses que je savais, dans les histoires, les sirènes se nourrissaient d'humains, ce ne sont que des histoires certainement, puisque j'étais encore vivante, non ?