II. LE RÉCIT DE VOTRE VIE
" La vie est belle. Très belle... Tu dois y revenir, maintenant. Aussi dure soit l'épreuve que tu as subie, tu ne dois pas continuer à te cantonner dans la solitude. Il faut recommencer à vivre. " Elle scrutait la montagne de maquillage qui s'étalait à l'infini devant ses yeux. Paillettes et costumes, bijoux à gogo, les yeux de l'enfant n'en finissaient plus d'être émerveillé. C'était comme être dans un autre monde. Un monde dans lequel, elle voulait absolument faire partie.
Un jour, peut-être que ça sera toi ma grande. La jeune fille leva les yeux admirant la femme qui se tenait devant elle, d'une élégance à couper le souffle. Sa robe cerise qui mettait merveilleusement en valeur ses hanches, ses cheveux emmenés derrière tenue par une broche aux reliefs anciens. Oh et son corps recouvert de minuscules étoiles doré, qui lui donnait un air de créature mythique. Oui, Lana Queens, était magnifique. C'était bien pour ça, qu'elle était la reine du show qui allait se dérouler le soir même.
Je ne suis pas aussi jolie que toi ... Sibyllin eut un petit air boudeur. Elle savait très bien qu'elle ne serait pas aussi jolie que sa mère. D'ailleurs, d'autres enfants n'hésitaient pas à lui rappeler, qu'elle n'était pas à la cheville de Lana. Qu'elle ne le sera jamais. Queens, s’abaisser et prit les petites mains de sa fille, la regardant droit dans les yeux pour la convaincre du contraire.
C'est faux et si quelqu'un ose te dire le contraire, il aura affaire à moi. Tu es merveilleuse ma chérie ! Tu n'as pas besoin de toutes ces superficialités pour être belle. Crois-moi, si j'étais un garçon de ton âge, je te demanderais tout de suite un rendez-vous! Et je ne dis pas ça pour te faire plaisir. C'est la vérité ! Donc, je ne veux plus jamais t'entendre dire ça, ai-je été clair ? Elle arriva à arracher un sourire de la gosse. La petite fille hochait de la tête et souriait de plus belle. Sa mère avait toujours trouvé les mots pour la rassurer et surtout la rendre heureuse. C'était d'ailleurs la dernière fois, qu'elle allait lui parler. À neuf ans, Sibyllin allait perdre sa mère dans un tragique accident. Sa dernière représentation au cirque "Bodlayre"....
DIX ANS PLUS TARDDix longues années s'étaient écoulées depuis la mort de Lana Queens. Dix ans pour Sibyllin à grandir sans sa mère. Cette épreuve avait été d'une douleur atroce. On venait de lui arracher la seule personne en qui elle avait confiance. Elle se retrouvait seule. En colère contre le monde et surtout en colère contre son père, qui avait laissé sa propre femme assurer le show avec les lions ! Comment avait-il pu ? Sibyllin eut la boule au ventre en ressassant le passé sur la table. Tout ça, était derrière elle maintenant, et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'y repenser de temps à autre. Après tout, cela avait marqué sa vie. Quoi qu'il en soit, la rage, qu'elle avait éprouvée envers son père, s'était atténué au fur et à mesure du temps. Et... elle avait aussi bien grandi. Devenant aussi somptueuse que son icône. Les hommes se l'arrachaient presque ! Elle avait un tel succès avec les garçons, que son père l'interdisait presque de tout.
Non Byllin, tu n'iras pas à la fête foraine avec Charles ! Non Byllin, tu ne vas pas danser se soir, tu dois t'occuper des accessoires. Non Byllin, pas de James à la maison ! Byllin, c'est quoi cette tenue ? Byllin si, Byllin ça ... Voilà ce qu'elle entendait en longueur de journée. Ce qu'il ne savait pas, c'est que l'adolescente voulait mener sa vie comme elle le souhaitait, et ce n'était pas les restrictions de son père qui allaient l'en empêcher. Elle fuguait souvent en douce quand elle ne faisait pas de représentation et allait faire ce que la plupart des jeunes de son âge faisaient. Boire, fumer, coucher. Rien ne l'arrêtait. Elle voulait découvrir la vie. Après tout, Sibyllin avait passé toute sa vie dans les cirques à voyager. Cloîtrer dans cet univers. Elle prenait même des cours à domicile, tant le cirque empiétait sa vie. Elle détestait aussi par-dessus tous les numéros qu'elle enchaînait. Ce n'est pas trapéziste qu'elle voulait faire ! Non, elle rêvait de dresser les lions et d'en faire des spectacles de feu ! Elle voulait affronter sa plus grande peur et bien sûr, c'était sans compter sur son père pour lui en interdire.
Plus le temps passé, plus elle montrait sa force de caractère. À ses vingt-deux ans, elle avait même décidé de partir loin de l'Italie pour aller en Australie. Elle avait atteint sa majorité et Sibyllin était libre de faire ses propres choix. La jeune femme avait donc passé un an là-bas et ensuite elle s'était évaporé en Espagne. Elle resta deux ans se ce pays et puis elle revint dans sur ses terres natales. L'Italie. Le cirque. Elle voulait prouver à son père, qu'elle était désormais capable d'assurer le show.
Mais pourquoi tu ne veux pas ? Je ne suis pas maman ! Je ne finirais pas comme elle ! S'il te plaît ! Arrête de me prendre pour une gamine ! je sais ce que je fais ! Bon sang papa ! Le visage teigneux, elle ne décrochait pas son regard de celui de Warren. Elle avait les nerfs et ses yeux devenaient sombres. S'il ne voulait pas la laisser faire, elle irait autre part ! Dans un autre cirque pour exercer son rêve et son plus grand cauchemar.
Ta mère savait elle aussi ce qu'elle faisait ! Je ne discuterais pas plus de ça avec toi ! Le sujet est clos. Maintenant va voir ton frère, tu lui as manqué. Elle jeta une palette de maquillage qui s'écrasa contre le sol, laissant la poudre s'évaporait par terre. Des remontaient de larmes commencer à faire rage et elle sortit de la pièce en claquant la porte. Marre ! Elle en avait sacrément marre des morales de merde de son père. Il n'avait pas confiance en elle et s'était surement ce qui l'agaçait le plus dans cette histoire. Pourquoi fallait-il toujours qu'il mette ça sur le compte de sa femme ? Ce n'était qu'un trouillard ! Un sale hypocrite !
AUJOURD'HUI...L'Amérique. Une nouvelle porte qui s'ouvrait à elle. Elle découvrait pour la première fois les États-Unis et pourtant, elle en avait fait des voyages. Tout sauf là. Il faut dire, que rien ne la charmait vraiment. Venise avait une âme beaucoup plus attrayante que celle des USA. Pas une seule ville n'égalait celle de son enfance. De toute manière, elle avait suivi son père jusqu'ici. Pourquoi n'était-elle pas partie ? Pour la simple et bonne raison qu'il était malade. Elle avait beau le haïr d'une certaine manière ça restait son père. Elle n'allait pas le laisser affronter cette épreuve seule. Même si son frère Jake, était là, Sibyllin tenait à rester à ses côtés. Les relations qu'elle entretenait avec son frère étaient plutôt spéciales. Ils ne s'adressaient que rarement la parole et quand c'était le cas, c'était simplement dans le but de se disputer. Lui avait le droit d'approcher les lions, pas comme elle qui était obligée de rester derrière les grilles. Enfin la journée. Le soir, elle n'hésitait pas à les approcher émerveillés. Ouais, elle restait toujours aussi bornée. Un mois après leurs arrivées, Sibyllin avait retracé la vie de la famille Wing. Il avait fallu un seul regard pour que tout change. Au revoir le cirque, bonjour le jardinage et les bureaux. Ils étaient sous la protection des témoins assurés par les United States Marshals Service. Jouissant comme nouvelle vie ... tellement que son rêve était parti en fumée.
Après plusieurs semaines à essayer de s'adapter à sa nouvelle vie de jardineuse, les ennuis reprirent vies. Les criminels qui avaient assassiné une pauvre dame, étaient désormais à sa poursuite et ils avaient réussi à la pister et ceux, malgré sa nouvelle identité. Son dernier espoir était très mince et elle se retrouvait seule contre tous. Une fois de plus. C'est après plusieurs jours, que la chance revint à elle. Elizabeth Hopkins... une nouvelle vie, dans un nouvel univers. Laissant derrière elle sa famille. Qui était en sécurité. Elle l'espérait.